UNE DECISION DESHONORANTE

L’instruction des dirigeants français -Mme Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires Etrangères, relayée par Mme Abdul-Malak, ministre de la Culture- intimant aux organisateurs d’événements culturels d’écarter les artistes maliens, nigériens ou burkinabés, est profondément choquante.

D’abord parce qu’elle rompt avec une tradition séculaire de notre pays d’accueil des créateurs et des artistes, y compris lorsqu’ils viennent de pays avec lesquels nous sommes en conflit ouvert ou latent.

Ensuite parce qu’elle instaure une discrimination particulièrement inacceptable fondée sur l’origine de ces créateurs ou artistes. La question s’est en effet posée en août 2022 à Bruxelles à propos des visas qui pouvaient être accordés aux citoyens russes souhaitant venir dans un pays de l’Union européenne. C’est Mme Colonna qui a elle-même pris parti à l’époque contre une interdiction systématique, déclarant qu’il fallait « distinguer entre les fauteurs de guerre, au premier rang desquels le président russe, son entourage et sous ceux qui soutenaient son effort de guerre et les citoyens russes, les artistes, les étudiants, les journalistes par exemple. Avec ceux-là, nous souhaitons, et nous devons, continuer à avoir des liens   (cité par Les Echos du 31 août 2022 et par Euractiv.fr du 31 août 2022).

Or, dans le cas du Mali, du Niger et du Burkina Faso, Mme Colonna prend une position diamétralement opposée et appelle à écarter purement et simplement les artistes de ces pays.

On peut certes imaginer le ressentiment des dirigeants français qui subissent aujourd’hui, pour partie, le contrecoup des nombreuses erreurs qu’ils ont commises à l’égard des pays d’Afrique. Mais la différence de traitement que marque cette décision a un fort relent de colonialisme, voire de racisme. Elle suscite une profonde indignation en France, et dans tous les pays qui étaient attachés à l’image d’une France qui défend la culture et la liberté.

Si elles avaient un peu le sens de l’honneur, Mme Colonna et Mme Abdul-Malak, remettraient aujourd’hui leur démission.